Savoir ce que l'on veut ; Classik.

Arlequin marchait d'un pas actif au milieu des lavandes, observant le monde autour de lui. L'étalon pie faisait glisser son regard de droite à gauche, à la recherche d'une quelconque silhouette équine. Il s'ennuyait, et cherchait une nouvelle victime.

Il émit un ronflement et prit le trot.

La petite jeune se roulait un peu plus haut dans les fleurs violettes. Elle se releva d'un coup et chanta un "Comme d'habitude" exagéré. Elle s'était emportée là. Puis elle vit l'étalon pie un peu plus loin. Elle sautilla jusqu'à lui. Peut-être avait-elle l'air sans défense,mais...toutes les roses ont des épines! Joyeuse,elle lança:

<< Bonjour! Comment allez vous? >>

En pointant ses grâcieuses petites oreilles droit devant elle.

Arlequin ralentit son allure en voyant venir à lui une jeune jument blanche. Un fin sourire apparut sur son visage, et il s'arrêta, la laissant s'immobiliser devant lui. Il imita quelque peu son comportement, pointant ses oreilles vers l'avant, et prenant une voix joyeuse. Tout était parfait. Comme d'habitude ♫

- Et vous ? C'est une belle journée qui commence !

En effet, le soleil brillait et l'été s'était finalement installé. Arlequin pencha sa tête sur le coté, ne quittant pas des yeux la demoiselle.

Sachant pertinement qu'il l'imitait,elle se retint de pouffer de rire. Ah...la fougue de la jeunesse. Elle n'avait pas encore eu l'occasion de tester ses charmes. Pourquoi s'en priver,elle ne faisait rien de mal après tout?

<< Merveilleusement bien! Oh oui,qu'elle belle journée! Que faites-vous par ici?>>

Elle se rapprocha légèrement,gentillement. La saison des amours avait beau être terminée,l'été n'empêchait pas les jeux coquins!

Arlequin se sentait à découvert soudain. Alors il changea de comportement, ne se limitant plus à imiter la jeune blanche. Un sourire taquin prit place sur son visage. Elle se rapprocha, il releva quelque peu la tête, réfléchissant à ce qu'elle pouvait bien avoir derrière la tête. Aucun doute là-dessus. Elle le charmait. Pourquoi pas... ?

- Je me laissais aller aux saveurs de l'été...

Il approcha son visage du sien.

- Quand j'ai soudain rencontré une jolie fleur.

Arlequin recula de quelques pas, posant son regard dans celui de la femelle. Charmeur, à son tour.

Il allait dans son sens,elle en était heureuse. Paroles de charmeur,allure de drageur,pas de doute,c'était un séducteur. Elle se la joua naîve et continua mine de rien à bavarder avec le pie. Lorsqu'il approcha son museau du sien,elle tint le coup. Après tout,c'était la première fois,pour elle. Classik laissa tomber une de ses oreilles sur le côté,telle une chose fragile.

<< Mais que vous êtes charmant! Dîtes moi,quel est votre prénom? >>

Tentatrice,elle attendit sa réponse en le regardant de profil.

Elle n'était pas aussi dupe qu'elle le laissait penser, il le savait. Il allait dans son sens oui, pour lui faire plaisir. Mais après tout, lui seul savait ce qu'il désirait vraiment.
Il sentait qu'elle doutait un peu, elle tâtait le terrain, dirons nous. Elle était jeune et sans expérience. Un vrai régal pour lui.
Sans hésiter, il lui répondit dans un souffle.

- Invitation to Dance, pour vous servir.

Il se rapprocha alors, fouaillant de la queue, le regard pétillant de charme.

- Puis-je connaître votre nom, aussi ?

Il avait l'air malin,et elle sentait le coup foireux à plein museau. Jusqu'où irait donc cette partie...de chasse?

- Quel joli nom!

Elle n'en était pas sûre,mais l'inconnu avait l'air d'avoir découvert sa vrai nature. Ils étaient donc à égalité pour le moment. Elle pensait bien qu'il n'avait pas dit son vrai nom,mais bon.

- Je m'appelle Classik! D'où venez vous?

Elle pris une attitude détendue,mais comptait bien en apprendre plus.

Le Caméléon ne se laisserait pas avoir aussi facilement. A ce jeu là, il était le meilleur. Il le savait. Il fallait se rendre à l'évidence, elle était jeune et sans expérience. Impossible qu'elle sache manipuler aussi bien qu'il avait pu le faire durant toute sa vie. Elle était peut être maligne, mais pas assez pour le prendre à son propre jeu.

- D'un pays où l'herbe est toujours verte et où les oiseaux chantent toute l'année, demoiselle.

Mensonge ou pas, qui saura ?

- Votre clarté est particulière...

Il parlait de sa robe blanche, peu commune. Il avait vu très peu de chevaux blancs dans sa vie. Arlequin savait que cela pouvait être une corde sensible.

Elle commençait gentillement de faillir,de fatiguer. Elle n'avait pas l'endurance de ce vétéran. mais elle irait jusqu'au bout.

- Cet endroit doit être merveilleux! D'ailleurs,je crois être passée par là,en venant ici.

Dans qu'elle direction soufflait donc le vent,à présent? Impossible de savoir. Elle commençait à se brouiller. Néanmoins,sa robe n'était pas la seule à être claire. Classik était dôté d'un esprit très net. il fallait juste qu'elle trie un peu les informations.

- Vous trouvez? Les chevaux blancs sont-ils si rares? Et vous? Avant,je n'avait jamais vue de robe comme la votre!

Terrain miné,il fallait sortir la grosse artierie et renverser son tir.

- Pourtant les chevaux pies ne sont pas si rares.

Il plissa quelque peu les yeux et un petit rictus moqueur étira ses lèvres.

- Du moins, pas autant que les immaculés.

Il avait vu juste, elle était assez sensible sur sa robe. En fait, Arlequin n'en avait que faire, il aimait bien le blanc. Mais il savait que certains chevaux blancs subissaient quelques réprimandes sur leur physique.
Arlequin tourna quelque peu autour de Classik, ne perdant pas son comportement charmant et charmeur.

- Mère Nature a fait de moi un original.

Au lieu de s'apitoyer sur sa robe, Arlequin en avait fait une fierté. Comme cela, il était protégé de toute moquerie.

Classik avait beau avoir subit des moqueries,elle aimait sa robe. Sa grand-mère était réputée pour sa beautée et,venant d'étrangers,elle avait toujours eu des flatteries. Elle savait qu'elle était un <> et en était heureuse,quoi que disent les jaloux. C'est le fait de revivre des douleurs passées qui l'a destabilisait. Se qu'elle n'aimait pas,c'était la moquerie. Comme elle était,elle s'en fichait.

- Malgré tout,avec un fruit par exemple,préférez vous manger la pelure? ou l'intérieur?

Elle continua dans son jeu,le couvant d'un regard doux,naïf et chaleureux. Elle n'était pas insensible à son charme.

Elle changeait de sujet. Elle n'aimait pas cela. Arlequin en jouerait plus tard. Il avait le temps.
Suite à sa question, il se rapprocha d'elle et colla son poitrail au sien, plongeant son regard dans celui de la jument.

- Tout dépend de quel fruit vous parlez, demoiselle...

Là,elle se rendait compte de son niveau à elle:"débutante". Et de son niveau à lui: "Vétéran". Les choses se corsaient,d'autant plus que son esprit légèrement fatigué demandait du repos. Elle se laissa faire et ferma les yeux,son corps demandait à se qu'on s'occupe de lui. Malgré tout elle n'était pas habituée à cela,elle n'avait jamais fait ça et ne savait pas comment faire. Elle rouvrit les yeux et bredouilla une réponse en se forçant à le regarder aussi dans les yeux.
- Je euh...

Elle s'était jetée dans ses filets. Il ne la laisserait pas repartir aussi facilement qu'elle était venue à lui. Il approcha son nez de ses oreilles blanches, pour lui susurrer un "Chuuuuuut...", doux et calme.

Arlequin glissa contre le corps de la jument blanche, parcourant de son souffle sa peau.

- Comment fait-on déjà... ? Ah, oui...

Il la pinça, légèrement, sur l'épaule, puis le dos, puis la croupe, et continua son périple jusqu'à la base de la queue de Classik, et tout en lui parlant, un mot après l'autre.

- Je t'aime, un peu... beaucoup... passionnément... a la folie...

Le jeu allait trop loin. Bien que l'exitation l'a gagnait petit à petit,elle ne pouvait pas rester tranquille après s'être prise une si grosse dose d'adrenaline dans les veines. L'épaule,première dose d'élèctricité. Seconde pour le dos. La croupe manqua de lui faire faire un saut de trente centimètres de haut. A la folie? Ah ça oui,elle allait devenir folle. Elle risquait de déguerpir à tout moment et ne se tenait que grâce à la curiosité. Elle jeta un coup d'oeil vers lui,agita involontairement la queue puis la leva. Qu'est-ce qui lui prenait. Elle se tut et attendit.

Mais Arlequin prenait son temps, il voulait faire durer le jeu plus longtemps. Il lui jeta un coup d’œil, puis se mit à lui lécher les cuisses, en des gestes sensuels et doux. Elle ne savait pas, elle était curieuse. Elle avait peur peut être. A lui de se montrer rassurant.

Son geste ne l'a rassurait pas du tout. Au contraire. Elle rabattit ses oreilles en arrière et gratta frénétiquement le sol d'un de ses antérieur. L'exitation lui montait de plus en plus au cerveau. Il fallait qu'elle se concentre sur quelques chose. Elle savait qu'il jouait avec elle,que,dès qu'il aurait finit sa besogne,il s'en irait. Elle le recroiserait sûrement. Classik ne serait pas détruite après son départ,elle n'attendait rien de plus.

Et ce n'était pas ce qu'il voulait. Détruire quelqu'un, cela se faisait par petits coups, à petit feu. Ce n'était pas drôle, si ça allait trop vite. Et qu'en savait-elle ? Que savait-elle de lui ? Peut être se montrerait-il fidèle ? Peut être ne l'abandonnerait-il pas ? De toute manière, ce n'était pas la saison des chaleurs. Arlequin prenait juste plaisir à la faire frémir, rien de plus.
Il recula et lui gratta le dos, son poitrail puissant collé contre les flancs de la demoiselle.

Là,cela allait mieux pour elle. C'est vrai qu'elle ne le connaissait pas. Pas du tout même. Elle commençait à apprécier l'étalon,d'ailleurs. D'autre part,comment pouvait-elle le connaître alors qu'il ne lui répondait que vaguement,sans même lui dévoiler ne serait-ce que son vrai nom. Sans être médium ou télépathe,ni génie,elle avait le chic pour voir qui ment et qui ne ment pas. C'était un instinct. En soupirant,plus détendue,elle tourna légèrement la tête dans sa direction.

<< Parlez moi un peu de vous s'il-vous-plaît. Je suis sûre que vous en savez beaucoup sur le monde,aussi! En tout cas plus que moi! >>

Peut être qu'elle avait un instinct qui lui permettait de savoir qui ment et qui ne ment pas. Mais face à un être dont la vie se résume à un mensonge, dont les fibres du corps entier son un mensonge, dont le nom est un mensonge et dont les paroles sont du poison, comment pouvait-elle savoir ? S'il disait la vérité ou non, s'il mentait ou non. La vérité n'appartenait qu'à Arlequin.
Il tourna la tête vers elle, puis la posa sur le dos courbé de la jument blanche, jouant avec les crins de sa crinière.

- Vous êtes jeune, vous aurez le temps d'apprendre.

Il émit un ronflement léger.

- Le monde est vaste. Que voulez-vous savoir ?

La jeune blanche ferma les yeux et réfléchit.
- Jusqu'où êtes vous allé? Au-delà des montagnes? des mers? des océans?
Elle frémit puis regarda le ciel.
- Plus loin que tout le monde? Ou à une distance raisonnable?
Classik ne savait pas mentir. Quand elle mentait,même un aveugle aurait vu que c'était le cas. Elle se bornait donc à dire la vérité.

Arlequin frotta sa tête contre les flancs de Classik.

- J'ai beaucoup voyagé. Beaucoup, longtemps et loin.

Il dilata ses naseaux.

- Par exemple, je suis allé dans un pays où le ciel est rempli d'oiseaux multicolores retenus par des ficelles d'or. On appelle ça des cerf-volants.

Classik se frotta à son tour,toute entière,contre les flancs du pie. Elle glissa sur les deux flancs de l'étalon bicolor et regagna sa place. Elle lui sourit amicalement.

- Mes parents m'ont parlés de ce pays. ils m'ont dit que les chevaux là-bas se font monter par d'étranges créatures bipèdes. Est-ce vrai?

Elle se colla contre lui. Ils avaient manifestement passé tout l'après-midi à flirter,car le soleil descendait peu à peu à l'horizon. Elle se mit à fredonner doucement en se blottissant contre l'étalon pie. Elle voulait finir se qu'ils avaient commencé,mais elle était aussi si fatiguée...

Arlequin l'observa faire, quelque peu sensible aux caresses de la blanche. Pourtant, il ne laissa aucune de ses émotions sauvages prendre le dessus et resta calme, pour continuer son récit.

- Oui. Certains sont bons, d'autres sont mauvais.

Il secoua sa crinière bicolore, en portant un regard sur le soleil qui disparaissait doucement à l'horizon.

- Ce qui est sûr c'est qu'ils sont tous stupides.

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