Personne pour parler, personne pour crier. |libre|

Denver.

L'étalon à la robe tachetée venait tout juste d'arriver sur ces terres et il était seul, sans personne pour pouvoir l'accompagner dans l'épreuve qu'était la vie. Il aurait pu être avec deux individus, sa compagne et leur enfant, mais le destin en avait voulu autrement. Quand aurait-il enfin le courage d'en finir avec l'existence ?

Ô Katerina, qu'aurais-je donné pour que tu sois encore là, à mes côtés. Qu'aurais-je fais pour que notre enfant puisse voir le jour en gambadant sous nos yeux attendris. Si seulement tu étais toujours en vie, ma belle, ma chère, ma tendre aimée à qui je ne cesse de penser. Quand aurais-je enfin le courage de mourir pour te rejoindre ?

L'étalon ne fit même pas attention à l'odeur d'une jument qui trainait dans les parages. Plongé dans ses songes, son regard semblait voilé par la tristesse grandissante de son esprit. Il était las de vivre.

La présence de l'inconnue lui fut égale ou tout du moins, il ne s'en rendit pas compte. Plongé dans des songes horribles dont lui seul connaissait le sujet principal, il préféra fermer les yeux. Les images de sa douce lui revenaient, se servant de sa tête pour survivre alors que l'intéressée était morte. Emportant avec elle leur tout petit, encore logé dans le sanctuaire protecteur de son ventre. Les dents de Denver se serrèrent, une larme coula.

Première larme qui coulait depuis des semaines, elle se volatilisa rapidement à l'aide de la brise marine qui la fit s'évaporer. Denver serra les dents et reprit sa marche sans toutefois remarquer une présence autre que la sienne en ces lieux. L'air marin lui cachait habilement les effluves étrangères.